mardi 9 avril 2013

Trudeau, le retour.

Toronto, 5°C





Dimanche prochain, le Parti libéral du Canada (PLC) aura un nouveau chef.


Et le vainqueur est déjà pratiquement assuré: en effet, Justin Trudeau, le fils de l'ancien Premier ministre Canadien Pierre Elliott Trudeau part grand favori de la primaire du PLC, dans laquelle il affrontera cinq  autres candidats: Martin Cauchon (ancien ministre de la justice), Martha Hall Findlay, Deborah Coyne, Karen McCrimmon et Joyce Murray (ancienne ministre de l'écologie de la Colombie-Britannique), considérée comme la principale rivale de Justin Trudeau.
Lundi 18 mars, Marc Garneau, premier Canadien à avoir posé le pied sur la lune, avait abandonné la course à la chefferie après la diffusion d'un sondage qui donnait Justin Trudeau grand vainqueur (72% contre 15% pour Marc Garneau).


Justin Trudeau, 41 ans, n'a fait son entrée que tardivement en politique, en 2006 et s'était montré jusque là plutôt discret. Il avait d'ailleurs été attaqué par M. Garneau et les autres candidats pour son inexpérience. Ancien professeur de français et de mathématique dans les écoles primaires de la région de Vancouver, il est aujourd'hui député de Papineau (dans la province Québécoise) à la Chambre des communes, poste qu'il occupe depuis 2008.

Un petit coup d'oeil sur le site internet du candidat (http://justin.ca), rappelle vaguement un autre Canadien célèbre du même nom, avec des encarts "Biographie de Justin" ou "vision de Justin". D'ailleurs dans cette dernière rubrique, on ne trouve qu'assez peu de propositions concrètes du candidat, mais plutôt des appels au rassemblement et à la confiance.

Jusqu'à dimanche, ce sont près de 127 000 adhérents et sympathisants qui vont pouvoir voter pour choisir le nouveau chef du PLC. Et le défi est de taille puisque le parti libéral se dispute le rôle de leader de l'opposition avec le nouveau parti démocrate (NPD) face au gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Ainsi, le PLC s'est trouvé relégué à la troisième place à la Chambre des communes lors des élections législatives de mai 2011, derrière le parti conservateur (PC) et le NPD, passant de 77 à 34 sièges.
Ces élections avaient provoqué une crise au sein du parti, entrainant la démission de Michael Grant Ignatieff et le report de l'élection d'un nouveau responsable à 2013. C'est Bob Rae, ancien député, qui avait été élu comme chef intérim et qui dimanche prochain cédera son poste.

Depuis la loi C-16 de 2006, les élections générales sont censées avoir lieu à date fixe au Canada, le troisième lundi d'octobre de la 4ème année civile suivant la dernière élection générale. Mais dans les faits, elles sont le plus souvent déclenchées. Soit à la demande du Premier Ministre (comme ça a été le cas en 2008), soit après un vote de confiance non favorable des députés fédéraux (comme ça a été le cas en 2011).
Il ne faudra peut-être pas attendre 2015 pour une nouvelle élection générale. 

Pour espérer battre Stephen Harper aux prochaines élections fédérales, le PLC a réellement besoin de quelqu'un de charismatique et rassembleur. Justin Trudeau et son look de jeune premier, marié à une ancienne présentatrice TV et père modèle de deux enfants semble tirer parti à fond de cette situation.


Pierre Elliott Trudeau (1919-2000)
Premier Ministre libéral du Canada entre 1968-1979 et 1980-1984, P. Trudeau est probablement l'un des hommes politiques préféré des Canadiens. C'est lui qui a ouvert le Canada à l'immigration, qui a rapatrié la constitution d'Angleterre et a aboli la peine de mort. Ministre de la justice en 1967, il s'est aussi battu pour décriminaliser l'homosexualité et l'avortement avec cette phrase qui est restée célèbre "L'Etat n'a rien à faire dans la chambre à coucher de la nation". C'est également l'un des premiers à s'être démarqué de la politique extérieure des Etats-Unis, il s'affichait ainsi aussi bien avec la Chine communiste qu'avec Fidel Castro qui a d'ailleurs fait le déplacement lors de ses obsèques à Montréal en 2000. 
Mais c'est aussi une figure controversée, principalement au Québec. Controverse due principalement à l'application des mesures de guerres lors de la  crise d' octobre 1970 après l'enlévement par le Front de libération du Québec (FLQ) d'un diplomate anglais et du ministre québécois  Pierre Laporte qui sera retrouvé mort. Ces mesures donneront lieu à des centaines d'arrestation. Le Québec est d'ailleurs la seule province à avoir refusé de signer la constitution rapatriée en 1980.

dimanche 10 mars 2013

Politique Ontarienne

Toronto, 5°C


Depuis un mois, la province de l'Ontario a un nouveau premier ministre ou plutôt une nouvelle premier ministre, première femme à ce poste.

Son nom est Kathleen Wynne et elle a gagné en janvier dernier les élections au sein de son parti, le parti libéral d'Ontario pour succéder au premier ministre démissionnaire. En effet, Dalton James Patrick McGuinty Jr., chef du Parti libéral d'Ontario et premier ministre d'Ontario depuis 2003 a démissionné de son poste le 12 octobre 2012.
Sa démission a surprise la plupart des Ontariens, un an à peine après sa réélection au poste de premier ministre.

Ancienne ministre des transport et de l'éducation ainsi que des affaires autochtones, l'autre particularité de Katleen Wynne, 59 ans, est que c'est la première femme premier ministre du Canada à être officiellement homosexuelle, mère de trois enfants. ( Actuellement, quatre femmes sont à la tête de provinces canadiennes et une à la tête d'un territoire canadien : Pauline Maurois au Québec, Christy Clark en Colombie britannique, Alison Redford en Alberta, Kathy Dunderdale à Terre-Neuve-et-Labrador et Eva Aariak au Nunavut).


Kathleen Wynne donc, a été officiellement assermentée le 11 février dernier. Outre le porte-feuille de premier ministre, elle s'est accordée celui de ministre de l'agriculture.

Après un peu plus d'un mois à la tête de la province la plus peuplée du Canada, il est encore trop tôt pour tirer un bilan de l'action de la nouvelle première ministre mais les différents acteurs politiques ont apprécié le discours d'investiture de Mme Wynne dans lequel elle se disait prête à travailler avec les différents partis politiques de la province. Les enjeux auxquels elle aura à faire face sont multiples : déficit budgétaire de la province le plus élevé du pays s'élevant à 11 millions de dollars canadiens, grogne des enseignants qui ont vu leur salaires gelés pour cause de lutte contre les déficits, préparation de la prochaine élection provinciale pour laquelle les libéraux sont donnés perdants, liens avec les autochtones qui sont plus que tendus...


Autre sujet de conversation, à Toronto cette fois, l'appel du procès que le maire de la ville, Rob Ford a gagné.

Accusé de détournement de fonds municipaux, il a gagné son procès en appel le 25 janvier dernier.



Rob Ford est depuis des années entraîneur d'une équipe de football dans un collège défavorisé de la ville et il a fondé une fondation privée qui vient en aide à des jeunes joueurs.
Il semble pourtant souvent avoir du mal à placer les limites entre ses fonctions de maire et celle d’entraîneur sportif. Ainsi, au début de l'année, il n'a pas hésité à appeler la TTC (l'équivalent de la RATP de Toronto) pour demander qu'un bus soit réservé pour emmener son équipe à un match.
L'objet de la plainte pour détournement de fonds municipaux remonte elle à la période lors de laquelle Rob Ford n'était que conseiller municipal. Il aurait fait des demandes de fonds pour sa fondation de football avec des papiers à en-tête de la Ville et aurait ainsi rassemblé 3150$. Il avait depuis refusé de rembourser cette somme.

Condamné à la destitution en premier jugement, Rob Ford avait réussi à négocier pour rester maire jusqu'au verdict de l'appel...qui a finalement annulé sa condamnation.

La politique est généralement un sujet de conversation qui laisse les habitants de Toronto de marbre. Mais ici, tout le monde a un avis sur Rob Ford et en général il est assez extrême : Soit on l'adore soit on le déteste et la deuxième catégorie ne cesse de grossir depuis son élection.

Il faut dire qu'à Toronto, on a l'impression que chaque jour amène son lot de scandales autour du maire :
Rien que la semaine dernière, Rob Ford a été accusé par Sarah Thomson, ancienne candidate à la mairie de Toronto de gestes déplacés. Quelques jours plus tôt, plusieurs journaux révélaient que Rob Ford avait récidivé et envoyé de nouvelles demandes de fonds pour sa fondation à des grosses entreprises en utilisant des feuilles à en-tête de la ville. C'est son équipe municipale qui s'est excusée et a plaidé une "simple erreur", car Rob Ford était en vacance en Floride pour la semaine.



Un casino à Toronto

Toronto, 5°C



A Toronto il n'y a pas de casino. 

Les joueurs doivent faire un peu plus de 130 kilomètres au Nord jusqu'aux chutes du Niagara ou la ville d'Orillia  pour  pouvoir jouer au black-jack et autres machines à sous. Mais un projet est dans les cartons.
Lancé par La Société des loterie et des jeux de l'Ontario, société sous contrôle royal,  en mars 2012, le projet de construire un casino dans la ville doit être étudié et voté par le conseil municipal en avril.

Autant dire que l'idée ne fait pas l'unanimité chez les Torontois.
En 1997 déjà, un référendum avait recueilli 70,6% d'avis négatifs et ainsi enterrait le dernier projet de casino.

Mais la Société des loteries et des jeux de l'Ontario est revenu à la charge et le groupe immobilier américain MGM, associé au Cirque du Soleil a présenté hier son projet de complexe comprenant un casino mais aussi 1200 lits répartis dans de grands hôtels, des restaurants chics, des centres commerciaux et un chapiteau permanent de 9000 places pour le cirque du soleil. Les coûts s'élèveraient entre 3 et 4 milliards d'euros.
Les entrepreneurs promettent de créer 10 000 emplois stables et 4000 emplois de construction et sont ainsi soutenus par la plupart des syndicats de travailleurs de la ville.

Ce complexe s’étendrait au sud de Toronto, près du lac Ontario, au niveau de la place de l'Exposition.  
L'objectif déclaré est de faire venir les touristes canadiens et étrangers, alors que 
Toronto fait tout pour attirer de plus en plus de visiteurs et devenir une ville incontournable d'Amérique du Nord (elle est depuis jeudi considérée comme la 4e plus grande ville d'Amérique du Nord, dépassant ainsi la ville de Chicago). 
Selon MGM, le complexe entraînerait une hausse de fréquentation d'un million de touristes par an.                                        
                                                                 
                
Présenté mercredi par le groupe MGM, le projet de "integrated resort" sur le bord du lac Ontario.




Les opposants eux, s'organisent également, encore une fois surtout grâce aux réseaux sociaux : la page facebook "No Casino Toronto" avec plus de 7500 abonnés et le compte twitter sont très alimentés. Une pétition circule également pour demander l'abandon du projet et aurait selon les organisateurs, déjà recueilli plus de 6000 signatures. Un certain nombres de conseillers municipaux, comme par exemple le conseiller démocrate Mike Layton, ainsi que des associations de résidents ont également rejoint le camp des opposants au casino.
La plupart des journaux de la ville comme par exemple le Toronto Star ou Now Magazine ont également pris position contre le casino.


Les arguments des opposants sont multiples mais tournent surtout autour de la critique des jeux de paris et de hasard qui, selon eux, ne créeraient pas de richesses mais appauvriraient les plus vulnérables.
Les riverains s'inquiètent aussi de voir disparaître un plusieurs commerces et restaurants environnants. D'après eux, les revenus liés au casino ne seraient pas aussi importants qu'annoncés car un certains nombre de commerces locaux devraient fermer.
Enfin, les opposants au casino craignent aussi que  l'ouverture d'un casino n'augmente le taux de criminalité comme ça a pu être le cas dans certaines villes.

                                     Couverture de l'hebdomadaire culturel "Now Magazine" de cette semaine, très populaire à Toronto.



Mais au niveau de la mairie de Toronto, le maire (par ailleurs très contesté) Rob Ford soutient ce projet de casino.


Les sondages publiés depuis plusieurs mois penchent plutôt en défaveur du projet de casino. 


Ce genre de panneaux fleurit dans les jardins devant les maisons de la ville.




Des projets contre des casinos ont déjà eu lieu dans plusieurs coin du pays comme par exemple à Vancouver où la pression du mouvement "Vancouver Not Vegas" a finalement obligé la mairie à abandonner la construction du casino.

Et les opposants au casino de Toronto ont eu un nouvel argument  à mettre en avant au début du mois de février puisqu'un casino qui avait ouvert à Atlantic City a annoncé qu'il s'apprêtait à remplir un dossier d'aide afin d'éviter la banqueroute moins d'un an après son ouverture (avril 2012).

Verdict mi avril.

lundi 25 février 2013

Les belles rencontres du TfT

Au Canada, le mois de février est le mois de l'Histoire des Noirs.

Pour cette occasion dans les quatre coins de la ville fleurissent expositions, concerts, films..

Et vendredi soir justement, au Théâtre français de Toronto (TfT) avait lieu une rencontre intitulée "Ces gens qui nous inspirent". Trois invités y étaient à l'honneur, dont je n'avais jamais entendu parler : Rodney Saint-Eloi, un poète et éditeur Haïtien (Ed. Mémoires) qui vit à Montréal, Maryse Birmingham, Haïtienne vivant à Ottawa sociologue de formation qui travaille sur la nouvelle mosaïque francophone du Canada et Yves-Gérard Méhou-Loko, Béninois d'origine, installé au Canada depuis ses 15 ans et qui est bien connu ici car il anime tous les jours l'émission "Pas deux matins pareils" sur Radio-Canada, la principale radio francophone du pays.

Nous étions une petite quarantaine, principalement Haïtiens, installés dans la salle de répétition du théâtre, aménagée pour l'occasion.
C'est d'abord Maryse Birmingham qui a pris la parole pour nous raconter une histoire. Cette histoire c'était celle du Ku-Klux-Klan qui décide un matin d'éradiquer la présence des noirs de la planète. Mais  en sortant de leur réunion, leur journée devient rapidement un cauchemar car ils ne peuvent pas utiliser le frein à main, l'ascenseur, l'hélicoptère, la cuisinière ou tant d'autres car les Noirs ayant été éradiqués de la planète, ils n'ont pas pu inventer tous ces objets. Cette histoire, elle la raconte dans les écoles primaires où la plupart des enfants l'écoutent les yeux grands ouverts. "Les Noirs ont contribué à tous les niveaux. Nous ne sommes pas que des bons musiciens ou des bons athlètes" explique t-elle.

Puis, c'est le journaliste Yves-Gérard Méhou-Loko qui s'installe sur la scène avec le directeur artistique du théâtre qui l'interview sur sa carrière. Et Yves-Gérard se prête à l'exercice avec bonne humeur, passant de son enfance de globe-trotter (de Paris à Cotonou, de Chypre à Montréal où il atterrit à 15 ans), à ses débuts un peu par hasard dans la radio. Au départ, il étudie l'économie et les sciences politiques, "A l'époque, en Afrique, il y avait cette invective chez les jeune de "Sauver l'Afrique"". Il nous raconte aussi son "voyage d'aventurier" en moto avec son frère, partant du Bénin, passant par le Mali, le Burkina, le Niger. La ville de Tombouctou, "surement une des premières villes les plus cosmopolites".
A 15 ans quand il arrive à Montréal, seul le petit séminaire accepte de le prendre car son dossier n'est pas brillant côté discipline.
De ses années au séminaires, il garde de bons souvenirs même s'il s'est heurté plusieurs fois au racisme du Québec des années 1980. "A l'époque, il y avait encore de vieilles dames qui changeaient de trottoirs lorsqu'elles me croisaient". Et quand dans le public, quelqu'un demande s'il est encore victime de racisme aujourd'hui, d'autres répondent "tous les jours".
Car le sujet du racisme revient sans cesse et l'on se rend compte que même à Toronto, la situation n'est pas parfaite. Le journaliste répond "ça m'arrive encore, je passe mon chemin, car ce n'est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière ".



Le poète Rodney St-Eloi est ensuite monté sur l'estrade pour nous parler de sa grand-mère Tida qui vivait dans le sud de la France et avec qui il a passé une partie de son enfance. Il nous raconte en souriant qu'elle lui répétait sans cesse "Tu es le plus beau, le plus intelligent" et qu'il a fini par le croire. Que c'est elle qui lui a appris à lire sur la Bible alors qu'elle ne savait pas lire elle-même. Il nous cite un verset de la Bible, se trompe sur le numéro et est repris par le public, "Je savais bien qu'il y avait beaucoup d'Haïtiens dans la salle".

Il nous parle aussi d'Haïti qu'il a quitté sous la dictature, regrette qu'on connaisse si peu ce pays, "Notre histoire a des réserves de merveille" explique-t'il. Et plus il nous en parle, plus on en est convaincu.
Puis, il nous lit plusieurs poèmes et un passage de son nouveau livre Je t'écris cette lettre, une "correspondance manquée" avec son ami journaliste Jacques Roche, kidnappé et tué à Haïti en 2005. C'est le seul moment où son beau sourire s'efface derrière la douleur. "Quand on est en exil dit-il, le pays devient un certain nombre de visages" et en 2005 un de ces visages a disparu.
Mais de Rodney Saint-Eloi se dégagent une force et une énergie folle. Quand quelqu'un lui demande ce qui l'inspire dans son travail, il répond simplement "l'humanité".

La soirée se termine autour d'un buffet et d'un verre de vin, les trois invités naviguent entre les chaises, discutent avec tout le monde.
Un homme s'approche de Maryse Birmingham et lui parle de son histoire. Il lui explique que son fils est le seul noir dans sa classe et que ce n'est pas tous les jours facile. Il lui demande ce qu'elle pense de l' école primaire réservée aux élèves noirs qui existe à Toronto depuis 2009. Cette école a rencontré un certain succès dans la ville même si elle a profondément divisé la communauté éducative.

La cuisine du théâtre se remplie et le directeur artistique remarque avec un sourire "Ca finit toujours pas jaser  dans la cuisine".


mercredi 20 février 2013

Les pensionnats indiens


Toronto, -6°C



Un rapport accablant du Project Missing Children a été publié lundi 18 février par l'agence Canada Presse qui révèle que 3000 enfants autochtones (membres des premières nations, métis et Inuits) auraient trouvé la mort dans des "pensionnats indiens" entre les années 1870 et 1990.

Ces pensionnats, instaurés par la "loi sur les Indiens" de 1876 étaient subventionnés par l'Etat et gérés dans la majorité des cas par des congrégations religieuses. On estime que 150 000 enfants seraient passés par ces pensionnats, la plupart du temps, de force. L'objectif de l'époque était de "civiliser" les autochtones. On leur interdisait ainsi de parler leur langue maternelle au sein de ces établissements. Ce n'est qu'en 1996 que le dernier pensionnat a fermé ses portes. 


 Groupe d'élèves du pensionnat indien (école des métiers) de Brandon au Manitoba, 1946.

Si on savait déjà depuis longtemps que ces pensionnats avaient fait beaucoup de victimes, c'est la première fois qu'un rapport se base sur des documents d'archive officiels. Selon le rapport, la principale cause de décès serait d'abord les maladies. Ainsi, la tuberculose aurait fait de très nombreuses victimes à partir de 1910, principalement car on ne savait pas comment la soigner. Selon Alex Maas, gestionnaire de recherche du Project Missing Children, cité par l'agence Presse Canada, « Les écoles étaient un lieu particulièrement propice à la transmission de la tuberculose. Les dortoirs servaient d’incubateurs. ». L’épidémie de fièvre espagnole à également fait beaucoup de victimes –chez les élèves comme chez les employés- entre 1818 et 1819. Mais l’étude révèle aussi que des élèves sont morts de malnutrition ou suite à des incidents (on relève de nombreux incendies sur la période). Des agressions physiques et sexuelles ainsi que des suicides ont également étaient relevés.

Et le nombre de victimes pourrait encore augmenter car tous les documents n’ont pas encore été étudiés.


Sur les 141 institutions répertoriées par le ministère fédéral des Affaires autochtones et développement du Nord Canada sur cette carte, on peut noter que la majorité étaient dirigées par des congrégations catholiques (60 d’entre elles) et anglicanes (35 d’entre elles). Le plus grand nombre de pensionnats se trouvait dans la province de l’Alberta (26 pensionnats répertoriés) et dans celle de Saskatchewan (20 pensionnats répertoriés).
Ne sont pas répertoriés ici les pensionnats gérés directement par les provinces ou les congrégations religieuses sans contrôle du gouvernement fédéral. A ce jour, on ne sait donc toujours pas exactement combien de pensionnats ont existé au Canada.


Depuis le 1er juin 2008 a été instaurée au Canada une "Commission vérité et réconciliation" pour enquêter sur ces pensionnats indiens. Car aujourd'hui, 80 000 anciens pensionnaires sont encore vivants et une partie d'entre eux a porté plainte contre le gouvernement Canadien et les congrégations religieuses. Au terme de ces procès, la création de la Commission vérité et réconciliation a été décrétée, ainsi que le Paiement d’expérience commune (PEC), destiné à tous les anciens élèves encore vivants qui en ont fait la demande jusqu’au 19 septembre 2011. Le montant de ce paiement s’élève à 10 000 $ canadiens pour la première année, puis à 3000$ dollars canadiens pour chaque année supplémentaire.


Photo du site de la commission pour la vérité et la réconciliation.


Le 11 juin 2008, Stephen Harper, premier ministre du Canada, présentait ses excuses officielles aux anciens élèves et à leurs familles pour le rôle de l’Etat Canadien dans les pensionnats indiens et expliquait : « Aujourd’hui, nous reconnaissons que cette politique d’assimilation était erronée, qu’elle a fait beaucoup de mal et qu’elle n’a aucune place dans notre pays ».





Liens utiles :

-Site Web de la commission vérité et réconciliation : http://www.trc.ca/websites/trcinstitution/index.php?p=15

-Site Web du ministère fédéral des Affaires autochtones et du développement du nord :

 http://www.aadnc-aandc.gc.ca/fra/1100100010002/1100100010021


lundi 18 février 2013

Idle No More

Algonquin Park, -16°C

                                



Depuis décembre 2012, un mouvement des autochtones (ceux que l'on appelle ici les "Natives" ou les "First Nations" et qui regroupent les Amérindiens, Inuits et les métis) fait beaucoup de bruit au Canada. C'est le mouvement "Idle No More".





"Idle No More" que l'on pourrait traduire par "Fini l'apathie" est un mouvement de révolte contre la privatisation d'une partie des terres par le gouvernement canadien. Au centre du conflit, un projet de loi du gouvernement conservateur de Stephen Harper retirant aux Amérindiens le contrôle d'un certain nombre de leurs terres et de certains cours d'eau et officialisant un projet de pipeline qui devrait partir de l'Alberta pour rejoindre le Texas et l'alimenter en pétrole, en passant par des terres autochtones. Mais les revendications se sont étendues, surtout au niveau social.

Jeudi 14 le février, un rassemblement était organisé à Toronto devant le commissariat principal du centre ville près de College station. Environ deux cent personnes étaient rassemblées sur le fronton du commissariat en mémoire des femmes Amérindiennes disparues ou assassinées. Selon leurs sources, plus de  582 femmes auraient été tuées ou portées disparues depuis 30 ans. Une demande de commission d'enquête a d'ailleurs été déposée auprès gouvernement Canadien en juillet 2012. Jusque là, ces disparitions n'avaient pas fait grand bruit dans la société canadienne.
Le rassemblement de jeudi était principalement mené par des femmes amérindiennes. Sont aussi intervenus des proches de femmes disparues ou assassinée. Des chants traditionnels ont rythmé ce rassemblement    , au pied des buildings de la ville et parmi la foule des travailleurs qui prenaient leur pause déjeuner, lui donnant un caractère assez surréaliste.
Dans d'autres villes des rassemblements ou marches similaires étaient organisées et ont rencontré un certain succès.

Si le mouvement Idle No More ne fait pas l'unanimité au Canada et est à présent assez peu visible dans les médias (par exemple on ne trouvait aucune trace du rassemblement dans le Toronto Star ou le Post le lendemain matin), il ne semble pas pour autant en perte de vitesse.


Le mouvement Idle No More se développe beaucoup sur les réseaux sociaux et leur page Facebook est très régulièrement actualisée.


Liens utiles :
http://www.idlenomore.ca/


Twitter : @Idlenomoreyeg

Facebook: http://www.facebook.com/IdleNoMoreCommunity



dimanche 10 février 2013

Au pays des Yuppies

Toronto, -4C°.




Au pays de la malbouffe où Burger King, Mac Donald et Pizza Pizza fleurissent à chaque coin de rue, les produits "organic" sont devenus pour certains un véritable art de vivre.
Bien sur il faut pouvoir y mettre le prix  mais les supermarchés et boutiques spécialisées font de véritables adeptes.





Samedi, je suis ainsi allée au marché organic de Wychwood, dans le quartier de Saint Clair West.
Cet ancien terminus de tramways a été réaménagé en ateliers d'artiste et galeries et il accueille chaque samedi un marché où les producteurs de la région viennent vendre fruits, légumes, viandes, poisson et artisanat.


Dans le marché de Wychood, on vend surtout des légumes de saison : des carottes, des betteraves, quelques pommes de terre, du céleri. Les prix sont élevés.



Bien sur ici c'est un peu l'antre des yuppies : ces jeunes urbains financièrement aisés qui ressemblent dans une certaine mesure aux bobos parisiens. Une grande partie d'entre eux s'est convertie à l'organic. 

La viande et le poissons sont vendus en morceaux congelés, pré-emballés et conservés dans des glacières. C'est assez difficile au Canada de trouver de la viande sans trop de produits chimiques.


On trouve même des savons pour laver les fruits et les légumes, mais aussi des cookies organic et les très à la mode "french baguettes" (3,75 $).

L'entrepôt est aussi un endroit convivial, où la discussion s'engage facilement avec les producteurs. Ils privilégient souvent les petites exploitations, n'utilisent pas ou peu de pesticides. C'est un état d'esprit différent, on n'est pas dans la course à la productivité à tout prix. 




A l'étage, certains artistes ouvrent leur atelier et exposent leurs peintures, photos, sculptures...La mairie du quartier encourage les initiatives de ce genre et grâce aux aides financières, les loyers des ateliers restent assez abordables.







 Alors qu'on se promène dans le marché, on découvre ce panneau : "The lawyer is in". Et en effet, pendant le temps où j'y suis, cet avocat qui vit dans le quartier voit défiler plusieurs personnes qui viennent lui poser de questions juridiques. A chaque fois, il se lève, ouvre son code, et commence à chercher une solution. C'est assez théâtral.